Mons en Pévèle
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Le mendiant de Pévèle

Baptiste Chassepain, célèbre mendiant du pays de Pévèle, sentait sa fin approcher.
Il avait qutre-vingt ans.
Sa poitrine se courbait sur son gros bâton noueux, ses mains tremblaient, ses jambes affaiblies se dérobaient sous lui.
Tout mourait chez Baptiste, sa besace vieillie se trouait en maintes places, ses vêtements s'en allaient en lambeaux et sa prière venait expirer sur ses lèvres.
Un jour qu'il se sentait plus cassé qu'à l'ordinaire, il prit son petit-fils par la main, se dirigea vers la vallée du Courant qu'il suivit pendant quelque temps, et puis sans frapper à aucune porte, appuyé sur l'épaule de l'enfant, il gravit péniblement les hauteurs du Mons-en-Pévèle.
Arrivé sur son sommetd'où l'on pouvait découvrir tout le pays d'alentour, il s'arrête, se redresse sur son bâton, relève autant qu'il peut sa tête embrousaillée, et tendant solennellement sa main vers le vallon :
"Mon enfant, dit-il, tu vois d'ici Thumeries, Moncheaux, Faumont, Bersée, Mérignies, Tourmignies et Pont-à-Marcq ; ce sont mes vastes domaines ; je les parcours et les exploite depuis 70 ans. Je les ai hérités de mon père quand j'avais ton âge. Me sentant sur le point de mourir et d'aller rendre mes comptes à Dieu, je te les lègue à mon tour ; sois respectueux, humble et soumis et tu vivras honorablement comme tes aïeux."
Il ya de l'orgueil dans tous les métiers, heureusement !


Abbé Dal
Récits humoristiques
Scènes de moeurs contemporaines
Lille/La Croix du Nord 2° Ed.

Ce très beau texte nous dit que la Pévèle n'est pas à vendre aux promoteurs avides et aux ambitieux individualistes